Le Pays rémois
dans les années 1900

Jean-Pierre Procureur

Jean-Pierre Procureur est né le 3 juin 1931. Agrégé d'anglais. A enseigné à Reims, notamment  au lycée Roosevelt, puis au département d'anglais de la faculté des lettres. Se passionne depuis les années 1960 pour les cartes postales anciennes. Ses thèmes de prédilection : la Marne, Reims, le champagne, les débuts de l'aviation. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages ayant trait au vin de Champagne (Le champagne à la Belle Époque), à Reims (Reims à la Belle Époque, 1973 – Reims pendant la Grande Guerre, 1974, à la Champagne (Vivre en Champagne 1900-1930, 1979 – Le Pays rémois dans les années 1900, éd. Fradet, 2008), à l'aviation (La Grande Semaine d'Aviation de la Champagne - 22-29 août 1909, éd. Fradet, 2009), etc. Jean-Pierre Procureur a également participé en collaboration avec Dominique Fradet  à la réalisation de Champagne : le travail de la vigne et les vendanges (1992) et Champagne : le travail du vin (1993) parus aux éditions Fradet, coll. Scènes d'autrefois.

Jean-Pierre Procureur, un passionné de cartes postales anciennes

Dans les années 1960, un jour, à Reims, chez un antiquaire du cours Langlet, un paquet de cartes postales anciennes de Reims avait retenu l’attention de Jean-Pierre Procureur. Il savait que ce genre de choses existait, l’occasion lui avait été donné de feuilleter les albums de ses grands-parents qui contenaient des cartes avec des vues de Paris, de Lourdes, de plages de vacances, etc., mais cela ne l’avait pas passionné outre-mesure. Cette fois, c’était différent, car il connaissait bien Reims, son histoire, et ces cartes postales-là, une bonne cinquantaine sûrement, il les avait achetées. Pour deux fois rien d’ailleurs. Il les avait mises dans un coin chez lui. Par la suite il s’était aperçu, en les regardant bien, qu'il y avait plusieurs éditeurs : Michaud, Jaouen, LL, ND Phot. par exemple et des numéros aussi : 77, 88, 209, etc. Il devait exister beaucoup de cartes de Reims, se disait-il. En même temps il estimait qu'avec ce qu’il avait acheté, il en avait bien assez comme ça.

IJean-Pierre Procureur n’imaginait pas que, bientôt, chaque fois qu’il se déplacerait en voiture à travers la France avec les siens, dès qu’il repérerait sur les bords de la route un antiquaire ou un brocanteur, et ils étaient nombreux à l’époque, il s’arrêterait. « Pour moi, c'était la chasse, dira-t-il plus tard. Il y a des gens qui aiment chasser les lièvres, moi, pas du tout, au contraire. Mais quand on entre dans un champ de betteraves, on se dit que peut-être il y a un lièvre. Eh bien moi j'entrais chez un antiquaire, chez un brocanteur, et quelquefois dans des fonds de granges, dans des étables, je lui demandais s'il avait des cartes postales. Et l'homme ou la femme fouillait dans un fond de buffet, dans un coin impossible et en sortait un carton, un vieil album démantibulé et là je trouvais des choses. Généralement la carte coûtait 5 centimes. Je sortais du carton à chaussures  les cartes qui me paraissaient intéressantes. Ça me prenait un bon quart d'heure. Et je repartais avec 10 ou 20 francs de cartes. A l'époque le prix des cartes se négociait parfois au kilo. On achetait pour un kilo de cartes. Un kilo, cela faisait à peu près 700 cartes. C'est ce qu'on appelle la "drouille", le tout-venant en somme. »

Quand, vingt ou trente plus tard, on lui demandai combien de cartes il avait, il ne savait pas trop, "parce que je n'ai jamais cherché à les compter, disait-il,  étant donné que ça bougeait toujours." Mais si on insistait, il se livrait au calcul suivant. Il devait avoir une bonne quinzaine de cartons de 55 centimètres de longueur chacun. A raison de 30 cartes  au cm, ça donnait 1650 cartes par carton,  soit 24750 cartes pour quinze cartons. Des cartes de Reims et des autres villes de la Marne, de la quasi-totalité de ses villages, des cartes ayant trait au vin de Champagne ou aux débuts de l'aviation, des cartes du front de Champagne en 14-18 tant françaises qu'allemandes, etc.

Mars 2009. Jean-Pierre Procureur
(à droite sur la photo) au Salon du Livre de Paris 2009 avec un visiteur italien..

Paru dans l'union
du 20 juin 2009