Éditions Fradet
Reims
Mis en ligne le 24/5/2018 Dernire mise à jour : 8/6/2018
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L'histoire de Reims par Jacques Deffunt, Alain Moyat, Daniel Pellus et Jean-Pierre Procureur. |
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Reims
ville de paix |
Vivre à Durocortorum. Les
Rèmes ont connu trois siècles de paix entre la fin de la conquête
romaine (52 av. J.-C.) et les premiers raids barbares de la fin du IIIe
siècle… Reims a été, à cette époque, une des villes les plus prestigieuses de la Gaule romaine. Il n'en reste que peu de choses : la porte Mars et le cryptoportique. Mais les archéologues – Alain Patrolin par exemple dans son ouvrage Traces, strates, archéologie en Champagne-Ardenne – nous font vivre à Durocortorum comme si on y était. Ils nous permettent d'imaginer des bandes de Rèmes heureux de vivre dans une ville magnifique, conversant sur l'immense forum, allant aux thermes : bains froids, bains tièdes, bains chauds, bains de vapeur, allant goûter les émotions fortes de l'amphithéâtre, parmi dix mille spectateurs… Le monde antique avait une morale du bonheur : un art de vivre aussi agréablement que possible, un bonheur personnel. La paix l’a permis. Mais c'est surtout le bonheur d'une élite très restreinte… Trois siècles d’épanouissement. Autour de Durocortorum, les voies romaines servent à un commerce florissant favorisé par la paix. Les artisans foisonnent. La ville s'épanouit. Nul besoin de mur d’enceinte puisqu’on est en paix… Les rues, «les plus larges aujourd'hui connues en Gaule» selon Alain Patrolin, sont constituées de craie compactée. Elles sont bordées de trottoirs. Des égouts en maintiennent la propreté. Un aqueduc de quarante-quatre kilomètres amène l'eau potable de la Suippe captée près de Jonchery-sur-Suippe avec un système très perfectionné de décantation et de régulation, dont le débit est évalué à vingt-deux mille mètres cubes par jour, alimentant les fontaines et les monuments publics. La porte Mars. Selon la tradition romaine, deux rues se croisant à angle droit, le cardo et le decumanus, aboutissent à quatre portes monumentales. Il nous reste la porte Mars qui, avec ses trente-trois mètres, détenait le record de longueur dans tout l'Empire romain. La fin d’un monde. Mais un jour, à la fin du IIIe siècle, la paix romaine arrive à son terme avec les premières incursions barbares, d'abord expéditions de pillage, rapides et isolées. La ville, de plus en plus réduite, doit s’enfermer dans un mur. Au début du Ve siècle, il ne sera plus possible de résister à l'invasion, cette fois massive, des peuples barbares germains, surtout quand ils ont dû fuir les Huns tous en même temps. C'est la ruée, les grandes invasions. De Durocortorum, après le passage des Wisigoths et des Burgondes, il ne restera que peu de choses. En 486, Clovis engagera le combat décisif contre la dernière armée romaine. D'après Reims, ville de paix de Jacques Deffunt, © éd. Fradet, 2006. Tous droits réservés. |
![]() Restitution de l’arc romain dit porte Mars. Dessin de L. Margotin-Thierot, 1932. (Musée Saint-Remi, Reims) ![]() Rues dallées, eau de source... Aspects de rue et d'habitats gallo-romains de Durocortorum au 1er siècle ap. J.-C. Maquette de J.-R. Chatillon (Musée Saint-Remi, Reims) |
![]() Reims
1000-1600
à Reims : 5 octobre 816 : Louis Ier le Pieux. 28 janvier 893 : Charles III le Simple. 30 juin 922 : Robert 1er. 12 novembre 954 : Lothaire. 14 mai 1027 : Henri 1er 23 mai 1059 : Philippe Ier 25 octobre 1131 : Louis VII 1er novembre 1179 : Philippe II Auguste 6 août 1223 : Louis VIII le Lion 29 novembre 1226 : Louis IX 15 août 1271 : Philippe III le Hardi 6 janvier1286 : Philippe IV le Bel 24 août 1315 : Louis X le Hutin 9 janvier 1317 : Philippe V le Long 21 février 1322 : Charles IV le Bel 29 mai 1328 : Philippe VI de Valois 26 septembre 1350 : Jean II le Bon 19 mai 1364 : Charles V le Sage 17 juillet 1429 : Charles VII 30 mai 1484 : Charles VIII 27 mai 1498 : Louis XII 25 janvier 1515 : François Ier 26 juillet 1547 : Henri II 21 septembre 1559 : François II 5 mai 1561 : Charles IX 13 février 1575 : Henri III 17 octobre 1610 : Louis XIII 7 juin 1654 : Louis XIV 25 octobre 1722 : Louis XV 11 juin 1775 : Louis XVI 29 mai 1825 : Charles X |
31 décembre 999 - 1er janvier 1000.
Beaucoup de fidèles passèrent la nuit dans les églises ou les couvents
de Reims, persuadés que ces endroits les conduiraient directement au
paradis... 1003. Sous le ciel bleu de ce jour de mai 1003, les cloches des églises de Reims se mettent en branle, les unes après les autres. Le bruit se répand vite en ville : le pape est mort ! La nouvelle impressionne les Rémois. Le pape Sylvestre II est un ancien archevêque de Reims... Le 2 octobre de l’année 1049, le pape Léon IX consacre solennellement la basilique Saint-Remi de Reims. La fête va durer trois jours... 1124. Les relations entre le roi de France Louis VI le Gros et l’empereur d’Allemagne Henri V sont au plus mal. L’Allemand est mécontent de l’appui que le roi de France accorde à la papauté dans la fameuse querelle des investitures. Il est surtout furieux contre le concile de Reims qui ne l’a pas ménagé. Sans crier gare, il réunit une armée et envahit la Lorraine. Cette agression provoque un vif émoi dans le Nord de la France, notamment à Reims qui se sent directement menacée... 1190. On commence la construction de l’église Saint-Jacques. Lorsque, au XIIe siècle, le quartier de la Couture (la place Drouet-d’Erlon actuelle) qui jusque-là était un terrain couvert de jardins et de marais, commença à se peupler, on s’aperçut qu’il y manquait une paroisse et une église. Ce sera Saint-Jacques... 1202. Mort de l’archevêque Guillaume aux Blanches Mains. Guillaume de Champagne meurt en 1202, laissant la réputation d’un homme juste, bon et humain, et parfaitement désintéressé. Ce qui lui valait le surnom de «Guillaume aux Blanches Mains». La ville pleure cet homme qui a occupé le siège archiépiscopal pendant vingt-six ans, et que l’histoire considérera comme l’un des grands archevêques de Reims... 6 mai 1210. La cathédrale est détruite par un incendie. 6 mai 1211. L’archevêque Aubri de Humbert pose la première pierre de la nouvelle cathédrale. 1212. Une petite guerre va opposer les échevins à l’archevêque de Reims et perturber le XIIIe siècle. Elle commence en 1212 pendant l’épiscopat de Mgr Aubri de Humbert, archevêque depuis 1205. Les échevins, membres de la bourgeoisie rémoise, désirent étendre leurs prérogatives et restreindre celles de l’archevêque, qui détient les clefs de la ville... 1229. On commence la construction de l’église Saint-Nicaise. Alors que la cathédrale est encore en chantier, on commence en 1229 l’édification d’une autre église qui va être sa rivale, et que beaucoup de Rémois placeront même au premier plan : l’église Saint-Nicaise... 1274. La "route de Saint Remi" devient la "rue Neuve". L’histoire de cette rue est intimement liée au passé religieux de la ville des sacres. C’est par là que passaient les rois de France lorsqu’ils venaient visiter la Sainte Ampoule, et c’est cette voie qu’empruntent les archevêques lorsqu’ils font leur entrée solennelle dans la ville... 1300 : Reims sera bientôt entourée de remparts. À la fin du XIIIe siècle le roi Philippe le Bel a donné l’ordre aux échevins de fortifier la ville. Les travaux sont en voie d’achèvement... 1348. La peste noire, que les Rémois d’alors appellent «la mortalité des boces», allusion aux bosses ou bubons provoqués par une variété de cette maladie, arrive à Reims. Il en est question pour la première fois dans un ouvrage de Pierre de Damouzy, chanoine de Reims et médecin réputé, paru le 16 août 1348. Le mal n’a pas encore atteint Reims, mais il a commencé à envahir la France, précédé d’une réputation effrayante... 1356. Mgr Jean de Craon, archevêque de Reims depuis un an, est-il anglophile? C’est la question que se posent les Rémois à cette époque où les conflits se succèdent entre la France et l’Angleterre... 9 septembre 1358 : "Reims close de murs". Quand Reims était encore entourée de fortifications, on pouvait lire sur une pierre d’une des tours l’inscription suivante : «L’an 1358 le 9 septembre Gilles de Guieri assit cette pierre en cet archet, dont tout Reims fut close de murs.» C’est à cette date qu’est définitivement achevée la construction des fortifications qui vont permettre à Reims de résister aux futures attaques ennemies... 1359. Le siège de Reims par les Anglais. En décembre de cette année-là commence l’une des épreuves les plus dures qu’ait subie la ville de Reims... Lire la suite... 1361. Le procès (perdu) de l’archevêque contre la Ville. Après le départ des assiégeants anglais, l’archevêque de Reims Jean de Craon va tenter de retrouver ses anciens droits, notamment de rétablir ce bon conseil de six bourgeois désignés par lui-même et à qui il n’avait fait que déléguer une partie de ses pouvoirs... En 1377, on apprend la mort du poète et musicien Guillaume de Machault, à l’âge de 77 ans. Étonnant parcours que celui de cet homme né en 1300 à Machault, dans les Ardennes. La première partie de sa vie est plutôt celle d’un aventurier... |
![]() Siège de Reims par Édouard III. Jean Froissart. Chroniques. Enluminures : Loyset Liedet. 15e s. BnF, Manuscrits occidentaux. ![]() Guillaume de Machaut et Amour. «Comment amours qui a ouy nature vient à Guillaume de Machaut et li amaine trois de ses enfans c'est asavoir doux penser, plaisance et esperance pour li donner matere à faire ce que nature li a enchargie et lidit par ceste maniere.» Guillaume de Machaut. Enluminures : Maître de la bible de Jean de Sy. Paris, 14e siècle (vers 1377). BnF, Manuscrits occidentaux ![]() 1398 : l'arrivée de Venceslav IV, empereur d'Allemagne, à Reims. «Cy commence le quatreisme livre de ce present volume qui contient en soy [blanc] chappitles le premier desquelz fait mention de la grant assamblee qui fu faitte en la ville de Rains tant de l'empire d'Allemaigne comme du royaume de France sur l'estat et union de l'Eglise...» Jean de Wavrin. Chroniques d'Angleterre. BnF, Manuscrits occidentaux. |
![]() Portrait de Marie Stuart en 1558 par François Clouet. Bibliothèque municipale de Reims. |
1429. La marche triomphale de Jeanne d’Arc d’Orléans à
Reims.
L‘extraordinaire épopée commence le 23 février de cette année-là. Le
jour où, à Domrémy, un petit village situé aux confins de la Lorraine
et de la Champagne, une jeune paysanne, Jeanne d’Arc, quitte sa famille
et se rend à Chinon «pour secouer la torpeur du roi de France»... Lire la suite... 16 juillet 1429. L’entrée de Charles VII et de Jeanne d’Arc dans la ville des sacres. Dans l’après-midi du 16 juillet 1429, l’armée royale quitte Sept-Saulx et se dirige vers Reims par Sillery, Taissy, Saint-Léonard et Cormontreuil. Le cortège se présente vers 4 heures de l’après-midi à la porte Dieu Lumière, une porte imposante, à l’aspect défensif, entourée d’une double enceinte. Mais, après d’ultimes tractations, il ne fait son entrée dans la ville qu’à la tombée de la nuit... 1429. Jeanne d’Arc écrit aux Rémois. Le roi, renonçant à prendre Paris, licencie son armée et se retire derechef à Bourges et au château de Chinon. Le déception des villes qui s’étaient ralliées au roi est immense. Elle est particulièrement ressentie à Reims... Lire la suite... 24 février 1481. L'incendie de la cathédrale. La catastrophe arrive en fin de matinée, entre onze heures et midi. Des ouvriers chargés de réparer la toiture de plomb de l’édifice avaient laissé dans les combles un fourneau à fondre le plomb allumé, pendant qu’ils se rendaient en ville sur un autre chantier... 1525. Le début des guerres religieuses. La Réforme, ce mouvement religieux qui va donner naissance aux Églises protestantes, pénètre assez tôt dans la ville de Reims, où l’on assiste dès 1525 à quelques provocations luthériennes : des croix sont renversées, des images pieuses souillées... 1548. Fondation de l’université de Reims. C’est à un archevêque de Reims, Charles de Lorraine, que l’on doit la création en 1548 de l’université de Reims. Jusque-là, les jeunes Rémois n’avaient à leur disposition pour commencer des études que le collège des Bons Enfants et des écoles paroissiales ou abbatiales. Ceux qui voulaient poursuivre leurs études devaient se rendre à Paris... 1560. Veuve et orpheline, Marie Stuart se réfugie à Reims. Marie Stuart a dix-huit ans lorsqu’elle vient se réfugier en 1560 dans l’abbaye de Saint-Pierre-les-Dames à Reims... Lire la suite... 1589. Reims devient la capitale de la Ligue. La nouvelle de l’assassinat à Blois, en décembre 1588, du duc de Guise et de son frère le cardinal Louis de Lorraine, archevêque de Reims, provoque une vive émotion dans la ville des sacres... 1594. L’assassinat du maréchal de Saint-Paul. Le 25 avril 1594, le maréchal de Saint-Paul, qui assure la lieutenance de Champagne et est le véritable maître de Reims, est assassiné devant l’abbaye de Saint-Pierre-les-Dames. C’est un coup organisé par les Guise, les rivaux du maréchal en ces dernières années des guerres de religion... 1595. Une fête : la démolition du château des archevêques. Le 8 juin 1595, les Rémois partent à l’assaut de la redoutable et puissante citadelle appelée château de la porte Mars, demeure des archevêques. Ils sont armés de pioches, de marteaux, de barres de fer et se mettent aussitôt à la tâche : la démolition de ce château fort, ordonnée par le roi Henri IV. Les Rémois y mettent une telle ardeur qu’il va disparaître en quelques jours... D'après Reims 1000-1600 - Six siècles d'événements de Daniel Pellus. © Éditions Fradet, 2007. Tous droits réservés. |
![]() Jeanne d' Arc conduite auprès de Charles VII. Martial d'Auvergne, Vigiles de Charles VII. Paris, 1484. BnF, Manuscrits occidentaux. ![]() 1435. Hérauts criant la paix à Reims. Jean Chartier. Chronique du règne de Charles VII. Enluminures : Maîtredu Froissart de Philippe de Commynes. Belgique, 15e s. BnF, Manuscrits occidentaux, . |
Reims
1600-1800 ![]() Jean-Baptiste Colbert, par Robert Nanteuil, 1660. Bibliothèque municipale de Reims. ![]() 15 juin 1687 : la marche des arquebusiers dans la rue Large. Eau-forte de Jean Colin. Bibliothèque municipale de Reims. ![]() 1792. "Départ des volontaires de Reims". Par Fernand Lematte. Huile sur toile. © Musée des Beaux-Arts de la Ville de Reims / C. Devleeschauwer
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1606. Le roi Henri IV dans la ville des sacres.
L’entrée du roi dans la ville des sacres a lieu le mercredi 22 mars
1606, pendant la semaine sainte. Tandis qu’il franchit la porte de
Vesle «parée et enrichie de diverses peintures et devises à l’honneur
du roi», des coups de canon sont tirés et les cloches de la cathédrale
sonnent. La compagnie des arquebusiers et un certain nombre d’habitants
forment une haie, et la foule qui se presse acclame le cortège royal et
crie «Vive le roi!»... 1627. Pose de la première pierre de l’hôtel de ville, le 18 juin, au son des trompettes et des pétards... Lire la suite... 1634. Après des études studieuses, Jean-Baptiste Colbert quitte Reims à l’âge de quinze ans. Jean-Baptiste est né le 29 août 1619 dans une maison appelée Long Vêstu située près de la rue Cérès, à l’entrée de l’actuelle rue Nanteuil... 1635. La peste fait de nombreuses victimes. En plus des guerres, des désordres causés par la Fronde, les Rémois doivent subir pendant le 17e siècle un autre fléau : la peste.... 1641. Louis XIII et le cardinal de Richelieu séjournent deux semaines à Reims. Les raisons de cette visite royale? La guerre, bien entendu. Il y a celle qui oppose depuis cinq ans la France à la maison d’Autriche. Mais pour le moment les combats sont lointains et se poursuivent sur les frontières du Nord, de l’Alsace et de l’Espagne. Le nouveau danger qui vient d’apparaître et a causé cette visite impromptue vient des Ardennes toutes proches, où trois conjurés ennemis de Richelieu décident de passer à l’offensive. Il s’agit du comte de Soissons, instigateur d’une tentative d’assassinat de Richelieu, du duc de Bouillon, maître de Sedan, et d’Henri de Lorraine, duc de Guise, qui porte le titre d’archevêque de Reims, mais qu’on n’a guère vu dans la cité des sacres... . 1649. Émeute à Reims : le gouverneur a failli être lynché. Le 8 janvier 1649, les Rémois apprennent que la reine Anne d’Autriche, régente depuis la mort de Louis XIII, a quitté Paris et s’est installée à Saint-Germain-en-Lay, pour fuir les troubles qui agitent la capitale. C’est le début d’une guerre civile – la Fronde – opposant le Parlement, qui réclame une réforme de l’État, et la régente, Mazarin, et le prince de Condé, qui exigent un pouvoir absolu et sans contrôle. A Reims, la population prend parti pour le Parlement... 1650. Le cardinal Mazarin : «Les Rémois m’ont fort bien reçu». L’élimination de la conjuration menée par le duc de Bouillon n’a pas ramené le calme en Champagne. La Fronde continue, menée maintenant par le maréchal de Turenne, solidement implanté à Stenay, dont les avant-gardes poussent jusque près des villages de Pontfaverger, Prosnay et Sept-Saulx. Mazarin arrive à Reims le 5 décembre.... 1660. Après vingt-quatre années de troubles intérieurs et de guerres étrangères, la misère règne à Reims. C’est ce que constate dans ses mémoires Oudart Coquault, un marchand propriétaire de vignes et de maisons. La situation est désastreuse aussi dans les environs, où les villages ont été ravagés par la guerre. A Reims même, la commerce ne va pas, et l’industrie lainière dépérit. 1712. Pendant l’été 1712, la population rémoise est prise de panique. La raison? Une troupe de 2500 à 2800 dragons hollandais sévit en Champagne et s’approche de Reims. Sa réputation est terrible. Les soldats volent et pillent sur leur passage. Leur chef est le général d’armée Growestein, que l’on appelle l’ogre hollandais. 1742. Voltaire à Reims. Le premier séjour de Voltaire à Reims a lieu en 1742. Séjour agréable : l’écrivain est accompagné de sa tendre amie, Madame du Châtelet, et passe trois jours dans la cité des sacres... 1755. Le premier théâtre construit à l’angle de la rue Nulle-Part. Le premier théâtre de Reims est construit en 1755. Nous sommes à une époque où le goût de la comédie gagne peu à peu toutes les classes de la société, et où chaque ville qui se respecte tient à avoir «son» théâtre... 1757. On commence la construction de la place Royale. Le 5 décembre 1757, les premiers coups de pioche retentissent dans le centre de Reims, que l’on commence à démolir pour réaliser un vieux projet : la place Royale 1765. Reims en fête pour l’inauguration de la statue de Louis XV, place Royale. Les Rémois vont vivre cinq jours de fête... Lire la suite... 1770. Le peuple affamé pille les couvents. La ville est en effervescence ce mercredi 11 juillet. La raison? Le manque de blé et la cherté des grains. Les boulangers manquent de farine... En 1774, un violent incendie ravage presque toute l’abbaye de Saint-Remi. Il se déclare dans la nuit du 15 au 16 janvier, vers dix heures du soir... 11 mars 1789. La révolte qui couvait depuis plusieurs jours éclate soudain à Reims. Il est 8 heures du matin. Des cours surpeuplées et malsaines de ce qu’on appelle «la ville haute», des logements sordides et des taudis déferle une foule vociférante, qui s’écoule dans les ruelles fangeuses et étroites du quartier Saint-Remi... 1789. Les doléances des Rémois : moins d’impôts, moins de religieux. La convocation des États généraux a suscité dans la population un immense espoir. Et lorsqu’à Reims on a connu l’arrêté royal du 27 décembre 1788 accordant le doublement des députés du Tiers État, les officiers municipaux ont remercié le roi... 1790. Jean-François Pierret, premier maire de Reims. La Révolution a bouleversé les institutions rémoises. La justice seigneuriale a disparu, l’échevinage aussi. La justice royale a bien sûr été supprimée. Reste l’antique conseil de ville, qui va être remplacé par une municipalité dirigée par un maire élu... 1791. L’église Saint-Nicaise condamnée aussi à la démolition. Le verdict tombe le 5 mars 1791, par la voix du procureur de la commune de Reims, M. Dessain : l’église Saint-Nicaise doit être «abandonnée et détruite dans peu d’années»... 1792. De nombreux Rémois se portent volontaires pour défendre la patrie en danger. Les troupes austro-prussiennes envahissent la Lorraine et entrent bientôt en Champagne. Le département de la Marne va être pris dans le tourbillon de ce conflit et devient le lieu de rassemblement des volontaires de tout le pays pour la défense de «la patrie en danger»... Lire la suite... 1792. L’année des massacres : neuf victimes, dont six prêtres. L’année 1792 a débuté dans une atmosphère de guerre. La Marne est devenue un vaste camp militaire. A Reims, l’atmosphère est survoltée. Il y a dans la ville 15000 hommes de troupe, des bataillons de fédérés, avec les rixes et l’ambiance trouble qu’amène inévitablement la présence d’une armée dans la cité. Alors que les Prussiens arrivent en Champagne, on voit l’ennemi partout. Pour la première fois, au cri mille fois répété de «Vive la Nation!» succèdent les cris de «Mort aux curés!», «A bas les aristocrates!», «A mort les traîtres!»... 1793. Toute trace de l’Ancien Régime doit disparaître : la mode est à l’autodafé. Pendant la période révolutionnaire, on ne se contente pas de détruire les témoins matériels de l’Ancien Régime, comme les cloches des églises (à l’exception du bourdon de la cathédrale) ou la crête fleurdelysée de la même cathédrale (qui sert de réserve à fourrage pour l’armée). Sans parler des églises, jugées inutiles et trop nombreuses. On s’en prend aussi à tout ce qui est écrit. Aux papiers qu’il faut brûler. Les autodafés deviennent une nouvelle mode... 1793. Les reliques de saint Remi jetées dans une fosse commune. Le 23 octobre 1793, une foule excitée envahit l’église Saint-Remi. Que veut-elle? Selon un témoin, l’instituteur Decroix, tout simplement obéir aux ordres de la Convention, qui a recommandé de fouiller les sépultures pour en extraire tout ce qui est or ou argent... D'après Reims 1600-1800 - Deux siècles d'événements de Daniel Pellus. © Éditions Fradet, 2005. Tous droits réservés. |
![]() Le 18 juin 1627, Nicolas Lespagnol, lieutenant des habitants, président du conseil de ville, posait solennellement la première pierre de l’hôtel de ville. Bibliothèque municipale de Reims. ![]() Porte des Promenades en face de la Couture.Aquarelle anonyme, XVIIIe. Bibliothèque municipale de Reims. ![]() Reims en Champagne. Vue à vol d’oiseau. Par Matthieu Mérian, 1655. Bibliothèque municipale de Reims. ![]() Détail du plan de la place Royale de Reims et de ses abords. Plan imprimé colorié. Bibliothèque municipale de Reims. ![]() Détail du plan de la place Royale de Reims et de ses abords. Plan imprimé colorié. Bibliothèque municipale de Reims. ![]() Cérémonie de l’inauguration de la statue de Louis XV le Bien-aimé par Monsieur Rouillé d’Orfeuil le 26 août 1765. Bibliothèque municipale de Reims. |
Reims 1800-1900 ![]() 1814. Les Cosaques en Champagne. Gravure satirique anonyme. Bibliothèque municipale de Reims, ![]() Labori caricaturé par Moloch. Fernand Labori est né à Reims le 18 avril 1860. Avocat à la cour d’appel de Paris, il se distingua dans quelques affaires célèbres. Il fut notamment le défenseur de l’anarchiste Vaillant, de Zola lors de son engagement dans l’affaire Dreyfus en 1898, et du capitaine Dreyfus lui-même devant le conseil de guerre de Rennes en 1899. Bibliothèque municipale de Reims, |
1801. Les Rémois célèbrent en
Bonaparte
l’apôtre de la paix.
Les Rémois, comme la majorité des Français, sont las des guerres, las
des excès commis par la Révolution, notamment pendant la Terreur, las
des crises de toutes sortes. Ils ne souhaitent qu’une chose : la paix.
Et croient leur souhait exaucé grâce à celui qui a balayé le régime du
Directoire et a commencé à réorganiser la justice, l’administration et
l’économie : le Premier Consul Bonaparte... 1814. Après les Prussiens,
15000 Russes
nous occupent.
L’occupation assez cocasse de Reims par un petit groupe de cosaques au
début de 1814 ne sera qu’un avant-goût de ce que vont connaître les
Rémois. En moins de deux mois, la ville, placée au cœur du drame de
l’invasion, va être occupée encore deux fois par les Prussiens et les
Russes, et deux fois reprise par les Français... 1814. Les Rémois plus
royalistes que le
roi?
Les Rémois ont-ils l’oubli facile? A peine déchu, Napoléon passe aux
oubliettes. Il est vrai que la France était lasse de lui, de son
cortège de guerres qui ont épuisé les dernières ressources en hommes
jeunes et valides, et amené finalement l’invasion à l’intérieur de nos
frontières... 1817. Le blé vendu trop cher :
émeute
place des Marchés.
Dans toute période d’après-guerre, la vie est difficile. Reims
n’échappe pas à la règle après les guerres napoléoniennes. En
1815, les troupes étrangères qui occupaient la ville ont réquisitionné
et pillé jusqu’au dernier grain de blé...
1830 : une révolution
sans
effusion de sang.
Le mardi 27 juillet 1830, les Rémois apprennent les mesures que le roi
Charles X a prises par ordonnances : la liberté de la presse est
suspendue, la chambre qui vient d’être élue est dissoute... 1832. Épidémie de choléra : 721
morts à
Reims.
Au début de 1832, une épidémie de choléra fait en France de nombreuses
victimes, dont la plus célèbre est le président du Conseil Casimir
Périer, décédé le 16 mai. La région de Reims est particulièrement
touchée... 1844. Bataille pour le chemin
de fer :
Reims se plaint d’être négligée.
Nous sommes en 1844, année décisive pour la ligne de chemin de fer
Paris-Strasbourg. Le Parlement va enfin fixer définitivement son
itinéraire légal, et l’administration entreprendre sa construction sur
tout le parcours... 1885. Après bien des
polémiques,
ouverture du lycée de jeunes filles.
Les garçons ont déjà leur lycée, créé en 1804, à l’époque
napoléonienne. Les filles, elles, ont attendu longtemps pour avoir
aussi leur lycée, que l’on ouvre enfin en 1885, après quelques années
de polémiques et d’incertitude... 1888. Premier essai d’éclairage
électrique au Grand Théâtre.
Le premier essai d’éclairage électrique a lieu au théâtre le 29
septembre 1888. Ce jour-là, on ne sait ce que le public qui emplit la
salle apprécie le plus : le spectacle — on joue Le voyage de M. Perrichon, comédie de Labiche, et Par droit de conquête, une comédie du Théâtre Français, par Lagouvé - ou la lumière qui donne à la scène un magnifique éclat... 1896. Le président Félix Faure
inaugure
la statue de Jeanne d’Arc.
C’est le président de la République, Félix Faure, qui vient lui-même
dévoiler à Reims, le 15 juillet 1896, la statue de Jeanne d’Arc. Une
lacune que la cité des sacres vient enfin de combler. En effet, Rouen,
Orléans, Paris et Domrémy avaient déjà leur statue de la jeune
Lorraine... |
![]() L'entrée de Napoléon Ier à Reims dans la nuit du 13 mars 1914. Coll. Société des Amis du Vieux Reims. ![]() Le «rang sacré» était place des Marchés cet ensemble de maisons qui se trouvaient avant 1840 à l’emplacement de la halle couverte, puis du forum romain. Aquarelle de Dallier-Bonnette. Bibliothèque municipale de Reims, ![]() 1844. Les obséques du maréchal Drouet comte d’Erlon. ![]() 1854. L’inauguration du chemin de fer d’Épernay à Reims. Lithographie faite d’après un daguerréotype réalisé par le photographe rémois Blandin. Bibliothèque municipale de Reims, ![]() 12 octobre 1858. Napoléon III à Reims. Arrivée à la cathédrale. D’après un croquis de M. A. Reimbeau. Bibliothèque municipale de Reims, ![]() 5 juin 1881. La grande cavalcade «Reim s à travers les âges» : le char quadrige.. Bibliothèque municipale de Reims, ![]() 5 juin 1881. La grande cavalcade «Reims à travers les âges» : le char du Bailla. Bibliothèque municipale de Reims, |
![]() Le
Pays rémois
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1900.
12 mars. – La Compagnie des tramways met en circulation sur la ligne
Cérès-Porte-Paris ses nouvelles voitures qui sont encore à traction
animale. 26 mai. – Inauguration de la ligne de tramways électriques Porte-Paris-Cérès par M. le préfet de la Marne et la municipalité. 7 juin. – Le Christ, érigé en 1825 dans la rue du Jard, est enlevé par ordre de la municipalité nouvellement élue. 1901. 22 juin. – Les premiers coureurs touristes de la course Paris-Berlin arrivent en notre ville vers une heure de l'après-midi. L’Indépendant rémois, 20 septembre. – L’empereur et l’impératrice de Russie à Reims. – Impossible de décrire l’enthousiasme qui a régné hier en notre cité pour recevoir nos hôtes. Le matin, plus d’un Rémois a ouvert sa fenêtre en interrogeant anxieusement le temps qui, fort heureusement, a bien voulu se montrer plus clément que les jours précédents. 1902. 8 juin. – Nouvelle organisation du réseau téléphonique qui consiste à attribuer à chaque abonné un numéro au lieu de l'appeler par son nom. 8 décembre. – Inauguration de l'École pratique commerciale et ménagère de jeunes filles. 1903. 31 juillet. – La statue du maréchal Drouet d'Erlon, qui ornait la place de ce nom, est déplacée et transportée boulevard Gerbert, pour faire place à la fontaine Subé, don d'un généreux Rémois. 1904. 5 juin. – La société nautique Les Régates rémoises célèbre le cinquantenaire de sa fondation. 22 août. – Ouverture au public de la dernière ligne électrique de tramways dite Gare-Boulevards extérieurs-Pont-Neuf. 1906. L'Indépendant rémois, 16 février. – Les inventaires à Reims. – Les formalités d'inventaire ont été opérées, hier après-midi, à l'église Saint-Benoît – chapelle succursale de l'église Saint-Thomas – sans aucune manifestation violente. 2 mars 1906. L'inventaire à Saint-Remi : «Beaucoup d’yeux sont mis au beurre noir et nombreux sont les chapeaux qui furent défoncés. Du côté des manifestants anticatholiques il y eut aussi quelques blessés.» (L’Indépendant rémois) L’Indépendant rémois, 3 mars. – Violentes manifestations à Saint-Remi. – L’inventaire, n’ayant pu être exécuté, est renvoyé à une date ultérieure. L’Indépendant rémois, 8 mars. – L’inventaire de la cathédrale a été opéré hier matin au milieu d’un déploiement de forces considérables qui assuraient le service d’ordre. 5 avril. – Arrivée de Mgr Luçon, le nouvel archevêque, et cérémonie d'intronisation. «C’est au pas et au milieu des acclamations que la voiture de Mgr Luçon, qui fendait la foule avec peine, s’est dirigée vers l’archevêché par les rues Thiers et de Talleyrand; sur tout le parcours, il a reçu un accueil des plus sympathiques.» (L’Indépendant rémois) L’Indépendant rémois, 6 juillet. – À propos du téléphone. – Les communications téléphoniques entre Reims et Paris vont – si cela continue – devenir totalement impossibles. Un seul réseau est libre dans l'après-midi et les abonnés sont gratifiés de numéros très élevés : 30 et 40 ne sont pas rares. De telle sorte qu'en lançant un appel à deux heures de l'après-midi, on obtient la communication entre six et sept heures. Si encore cette communication était bonne, on pourrait peut-être se contenter de maugréer; mais, loin de là, elle est détestable. Une maudite «friture» ne cesse de résonner et l'on entend absolument rien. 15 juillet 1906. Inauguration de la fontaine Subé par M. Léon Bourgeois, ministre des Affaires étrangères, sénateur de la Marne. «À 2 h 30, pour la première fois, aux yeux du public ébahi, l’eau jaillit des vasques en un bien mince filet», relate le reporter de L’Indépendant rémois qui ajoute : «On espérait que l’eau des quatre rivières serait plus abondante. Il y a eu un léger mouvement de déception.» 1908. 26 juillet. – La kermesse des écoles laïques obtient un vif succès. 9 novembre. – Un ballon allemand Le Berlin passe au-dessus de la ville. Extrait de Le Pays rémois dans les années 1900 de Jean-Piere Procureur. © Éditions Fradet, 2008. |
![]() L'avenue Drouet-d’Erlon dans les années 1900. ![]() 2 mars 1906 : n'yant pu être exécuté ce jour-là, l'inventaire de Saint-Remi est remis à une date ultérieure. ![]() 15 juillet 1906 : l'inauguration de la fontaine Subé. ![]() 29 juillet 1906 : le départ d'une série du Grand Prix cycliste de Reims. |
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Vendredi 27 août 1909. Comme un fantôme. Farman
vola hier aussi longtemps qu’il le voulut; il volait que le soleil
était encore bien haut à l’horizon, il volait encore que le couchant
incendiait déjà le fond des plaines ; il volait toujours que le nuit
tombait puis nous envelissait toute entière; il volait comme un
fantôme, en plein noir, dirigeant son élan inflexible vers le gros œil
étrange des projecteurs, trouant la nuit. Et il ne vola plus que
lorsqu’il le voulut bien; il arrêta de lui-même sa machine miraculeuse
et la vint faire reposer à nos pieds, alors qu’au cœur elle avait
toujours assez de sang. Les Sports, 28 août 1909. Dimanche 29 août 1909. Pour le prix de la hauteur, Latham, Farman, Rougier et Paulhan se sont livrés à une lutte splendide. Latham et Farman ont surtout été impressionnants. Dans l’air calme du soir, ils s’élevaient, cependant que nous autres, à terre, éprouvions une assez forte émotion et un grand enthousiasme. Qu’arriverait-il aux hardis navigateurs si tout à coup le moteur allait s’arrêter net, si un fil allait se briser? Quelle chute! Fort heureusement, tout se passa le mieux du monde et, successivement, un peu avant sept heures, Farman, Latham, Rougier et Paulhan vinrent reprendre terre, cependant que la foule, énorme à ce moment, applaudissait à tout rompre. Le premier prix revint à Hubert Latham qui avait dépassé l’altitude de 155 mètres. Après lui furent classés Louis Farman, Paulhan et Rougier. Le Petit Parisien, 30 août 1909. Qui, s’étant rendu à Reims, et ayant vu évoluer, sous ses yeux, les grands oiseaux artificiels, n’en reviendrait à la fois étonné et enthousiaste? Il n’est pas douteux qu’aux plaines champenoises, la cause de l’aviation a fait mieux qu’un progrès immense, un pas définitif. Alors qu’il y a huit jours il était permis de se demander si un programme aussi beau, un meeting aussi complet, la convocation presque à heure fixe du public n’étaient pas chose téméraire, nos aviateurs ont apporté la meilleure des réponses, en réalisant des performances splendides, et en les établissant dans les conditions atmosphériques au milieu desquelles nous jugions, voici quelques jours à peine, qu’il leur aurait été impossible de tenir l’air. Rien de plus curieux, d’ailleurs, que l’enthousiasme du public et les cris d’admiration avec lesquels il accueille les récits des exploits, tous les jours accrus, de nos héros de l’air. Nous n’avons même pas le temps, tant ces exploits sont nombreux, de nous recueillir; chaque performance derrière nous paraît inattaquable et impossible à démolir. Sans nier la valeur de ces exploits, les difficultés atmosphériques au milieu desquelles ils ont été accomplis, je demeure cependant convaincu qu’ils sont destinés à n’avoir qu’une existence éphémère et que nous verrons encore beaucoup mieux à très bref délai. H. DESGRANGE (L’Auto). Extraits de La Grande Semaine d'Aviation de la Champagne, 22-29 août 1909 de Jean-Piere Procureur. © Éditions Fradet, 2009. |
![]() 27 août 1909 : Henri Farman établissant le record du monde de distance et durée. ![]() 29 août 1909 : Latham recordman de la hauteur (155 mètres). |
Reims
1900-2000
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1912. Une
idée révolutionnaire : le parc Pommery. Le 23 juillet 1912, 23000 spectateurs acclament à Reims vingt-sept athlètes de retour des Jeux olympiques de Stockholm... Lire la suite... 1914. L’incendie de la cathédrale fait pleurer les Rémois. A 15 heures, un obus traverse l’échafaudage qui a été dressé en 1913 le long de la tour nord. L’obus explose dans cet amalgame de poutres et y met le feu... 1914-1918. Reims sous les obus pendant quatre ans. L'incendie de la cathédrale et d’une partie du centre n’est qu’un avant-goût de ce que Reims va subir pendant quatre ans. Systématiquement, quotidiennement, les Allemands vont poursuivre leur œuvre de destruction en bombardant la ville... 1919. Reims reçoit pour la première fois un président des États-Unis. Wilson arrive le 26 janvier, accompagné de son épouse. Il est accueilli au seuil de l’hôtel de ville en ruines par le maire, Jean-Baptiste Langlet, qui lui souhaite la bienvenue... 1919. La croix de la Légion d’honneur pour Reims. Raymond Poincaré aime Reims, c’est certain. Il était là en 1913, à la veille de la guerre, pour procéder à quelques inaugurations. Il est revenu à plusieurs reprises pendant le «martyre» de Reims, pour constater les dégâts causés à la cité et soutenir ses habitants. Le revoilà, ce 6 juillet 1919, huit mois après la fin du cauchemar, pour remettre la croix de la Légion d’honneur à la ville de Reims... 1919. La ville commence sa reconstruction. Dès l'armistice de novembre 1918, les premiers Rémois rentrent. Triste retour dans une ville anéantie à 90%, où la vie est difficile, surtout au cours de l’hiver 1918-1919. Cependant, plus forte que tout, la vie revient. La ville renaît de ses cendres... 1926. Le circuit de Reims-Gueux : «le plus grand du monde et le plus rapide». Reims n’a pas été seulement, au début du siècle, le berceau de l’aviation. Elle a été aussi, un peu plus tard, la capitale mondiale du sport automobile, avec un circuit que Maurice Trintignant a décrit lui-même comme «le plus grand circuit du monde et le plus rapide» : le circuit de Reims-Gueux... Lire la suite... 1929. Des halles centrales d’une conception particulièrement hardie. Les Rémois observent avec curiosité ce spectaculaire chantier ouvert en 1927 et achevé deux ans plus tard. Le 30 octobre 1929, les premiers clients franchissent les portes des nouvelles halles... Juin 36. Reims paralysée par les grèves. Les grèves sur le tas, qui ont commencé le 26 mai 1936 à l’usine Renault de Billancourt, ne tardent pas à gagner la province et la France entière, qui va être paralysée pendant un mois. A Reims, le premier débrayage a lieu le 3 juin au Peignage : les 715 ouvriers occupent l’usine... 1937. Le cardinal Suhard consacre la cathédrale. Arès vingt ans de restauration, la cathédrale de Reims a enfin retrouvé sa silhouette d’avant-guerre. Vingt années pendant lesquelles une armée de maçons, de tailleurs de pierre, de sculpteurs ont travaillé au pied de l’édifice... 1939. Mobilisation générale et «drôle de guerre». Le 1er septembre 1939, à la fin de vacances plus ou moins gâchées par les bruits de bottes qui viennent d’outre-Rhin, malgré l’inquiétant pacte germano-soviétique, les Français croient que «les choses peuvent encore s’arranger». Mais la nouvelle éclate, après l’invasion de la Pologne par les Allemands : c’est la mobilisation et la guerre... 1940. Mai-juin 40 : l’invasion allemande et l’exode. Le vendredi 10 mai 1940, le réveil est brutal pour les Rémois. Entre 6 et 7 heures du matin, les sirènes rugissent. Les avions allemands sont partout dans le ciel... 1940. Les années grises. Dansns la deuxième quinzaine de juillet 1940, la majorité de la population rémoise rentre enfin de l’exode. Peu à peu, la vie reprend un cours normal. Mais rien n’est plus comme avant. Les Allemands sont omniprésents. Les drapeaux à croix gammée flottent sur les édifices publics... 1943. La Résistance s’organise. La résistance à l’occupant allemand est née dans la Marne au cours de l’hiver 1940-1941, à la suite d’initiatives individuelles souvent peu heureuses et mal coordonnées. L’une des plus spectaculaires à Reims a lieu dans la nuit du 19 au 20 avril 1941 lorsqu’un collégien sportif de «Jolicœur» — aujourd’hui lycée Roosevelt —Pierre Dallier, escalade la fontaine Subé, pendant qu’une dizaine de copains font le guet, et accroche au sommet un drapeau tricolore sur lequel se détache, en rouge, la croix de Lorraine... 1944. La folle journée du 30 août 1944 à Reims. Ils arrivent! Ils sont là!» Dans toute la ville, en cette matinée du 30 août 1944, le même cri est sur toutes les lèvres. Après les dernières escarmouches qui ont eu lieu dans la nuit, les Allemands sont partis sans tambour ni trompette par la route de Rethel. Aux premières heures, les patrouilles américaines, qui ont campé à Cormontreuil et à la Maison-Blanche, investissent la ville... Lire la suite... 1944. Naissance d’un journal : «L’Union». Le 30 août 1944, tandis que la ville en liesse fête ses libérateurs, une activité fébrile règne, place Drouet-d’Erlon, dans les locaux de L’Éclaireur de l’Est, qui vient d’être placé sous séquestre. Une équipe de journalistes, de linotypistes, de typographes et de rotativistes confectionnent à la hâte, dans une joyeuse improvisation, un journal qui «tombe» à 22 heures et est distribué gratuitement dans tous les quartiers de Reims où la fête bat encore son plein : le numéro 1 de L'Union... 7 mai 1945, à 2h41 du matin : l’Allemagne capitule. Dans la nuit du 6 au 7 mai 1945, vers deux heures du matin, des voitures se succèdent devant le collège moderne et technique de la rue Jolicœur (aujourd’hui lycée Roosevelt), siège du quartier général des forces alliées commandées par Eisenhower... Lire la suite... 1949. Le Stade de Reims champion de France! En fin d’après-midi, le 1er juin 1949, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre : le Stade de Reims est champion de France! Un titre dont les footballeurs rémois rêvaient depuis plusieurs saisons... 1950. La mort du CBR. Ils les aimait bien, ces petits trains départementaux qui, cahin-caha, à une vitesse allant de 20 à 50 kilomètres à l’heure, desservaient tranquillement quelque 180 communes de la Marne, de l’Aisne et des Ardennes : le CBR - Chemin de fer de la banlieue de Reims. Il disparaît définitivement en 1950... D'après Reims 1900-2000 - Un siècle d'événements de Daniel Pellus. © Éditions Fradet, 2001. Tous droits réservés. |
![]() Années 1910. Une idée révolutionnaire : le parc Pommery. ![]() 19 octobre 1913 : le président Poincaré en gare de Reims. ![]() 19 septembre
1914 : l'incendie ![]() Le 7 mai 1945, à 2h41 du matin : l’Allemagne capitule.
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50 ans
de vie rémoise ![]() 1er juillet 1951. Juan Manuel Fangio, étonnant vainqueur avec le bolide de son coéquipier, Luigi Faggioli. ![]() 29 mars 1960 : Nikita Khrouchtchev s’attarde sous le porche central de la cathédrale et salue la foule qui l’acclame. ![]() Mars 1986. — Dans un entretien à la fois drôle et émouvant avec Pierre Forge Maillard, de L'Union, Coluche espère que les Restaurants du cœur dont il est l'initiateur continueront. |
7 mai 1950. Le président Auriol récompense la ville.
Les cloches sonnent à toute volée. Dans un sourd vrombissement, quatre
Vampire, quatre P 47 et un Nord 1000 ouvrent le défilé aérien organisé
en ce 7 mai 1950, jour du 5e anniversaire de la reddition allemande à
Reims... Dimanche 14 mai 1950. Stade de Reims : deux éclairs pour une coupe. Quatre-vingtième minute de match de Coupe de France dans le chaudron du stade Du Manoir, à Colombes. Les 61720 spectateurs (un record) ne donnent pas cher des Rouge et blanc. Dominés, baladés, les Rémois, avec Batteux, Bini, Marche, Jonquet, Flamion, sont sur les rotules... Dimanche 7 avril 1951. De Gaulle tord le cou à la IVe République. Comme prévu, à 15h30 pile, debout dans son Auto-Union décapotable noire, les bras en «V», le général de Gaulle arrive au pied de l'immense croix de Lorraine bleue dressée sur le parvis de la cathédrale... Dimanche 1er juillet 1951. Parti avec l'Alfa-Roméo N°4, Fangio gagne avec la 8. — Épuisé, vainqueur du XXXVIIe Prix de l'Automobile de France comptant pour le Championnat d'Europe, l'argentin Juan Manuel Fangio peut souffler sur la ligne d'arrivée du circuit automobile de Reims-Gueux... 1953. Entre l'union et Cabu une histoire d'amour. Le trait manque encore de fermeté, mais le dessin daté et la signature J Kbu qu'ils découvrent depuis la fin de l'année 1953 ne manquent pas de faire sourire ou de provoquer l'ire des lecteurs rémois de L'Union... Lire la suite.. 20 novembre 1955, 19h30. Télévision : une aussi longue attente... Au coude à coude dans les magasins des radio-électriciens, les Rémois font des yeux tout ronds. Dans l'écran d'un gros poste, à raison de 12 millions de points par seconde et 25 images seconde, l'émetteur de la tour Eiffel communique à la tour hertzienne de Vrigny les images du cuisinier Raymond Oliver préparant un gâteau basque, assisté par Catherine Langeais.... 20 mars 1959. Élu dans un fauteuil en 23 minutes, Jean Taittinger restera maire 18 ans. «On peut se permettre d'être injuste à l'égard des riches et des forts, car eux peuvent se défendre. Mais nous n'avons pas le droit d'être injustes à l'égard des faibles et des déshérités.» L'orateur est élégant. Le verbe est séduisant. Jean Taittinger, 36 ans, prononce son premier discours devant l'assemblée communale. Il est fort applaudi. Un seul tour de scrutin lui a suffi pour devenir le 49e maire de la ville des sacres, le plus jeune depuis 1804... Le 29 mars 1960, Nikita Serguïevitch Khrouchtchev, le numéro 1 soviétique, est reçu à Reims. Cordiale et chaleureuse, la journée est marquée par un grand discours, mais aussi quelques bons mots. 8 juillet 1962. De Gaulle-Adenauer : la Réconciliation. Deux ans après le discours du numéro 1 soviétique dans la cité des sacres mettant en garde les Français contre «le danger allemand», la rencontre entre le général de Gaulle, président de la République, et le chancelier Konrad Adenauer fut un événement historique... 18 octobre 1966. Léonard Foujita le baptisé inaugure son chef-d'œuvre de piété. Venu à Reims dessiner une rose pour une cuvée Mumm, Tsougouharu Foujita, artiste et fils de samouraï, y rencontre Dieu. Léonard le baptisé édifie alors une petite chapelle rue du Champ-de-Mars. Durant 90 jours, à raison de 12 heures par jour, Léonard travaille et travaille encore. Si bien que, le 18 octobre suivant, les personnalités peuvent admirer la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix et l'œuvre sobre et grandiose à la fois, aux couleurs bleu, blanc et ocre... Décembre 1966. Johnny a déménagé, ses fans ont démoli. Notre confrère Pierre-Alain Cailleux a assisté au concert donné à l'Empire en décembre 1966 par Johnny Hallyday. Première d'une tournée qui promet, la soirée va être chaude... Mai-Juin 1968 : les marmites étudiantes et ouvrières en ébullition. Fin avril 1968. Les Rémois disent au revoir à Mgr Marty. Le député-maire, Jean Taittinger, veut que «l'autoroute urbaine soit engagée avant 1970». A l'Assemblée nationale, le socialiste Roland Dumas dénonce «l'information totalitaire». Sur leur petit écran télé, ils découvrent en noir et blanc un étudiant rouquin aux yeux bleus. Daniel Cohn-Bendit, chef du «mouvement des enragés» s'agite à la faculté de Nanterre... 1992. La passe de trois pour Yéhudi Ménuhin. Infatigable malgré ses 77 ans, Yéhudi Ménuhin donne trois concerts lors de la 3e édition des Flâneries musicales, en 1992. Le public l'applaudit dans Le Messie de Haendel, puis dans un Concert pour violons en la mineur de Bach donné avec l'orchestre Yéhudi Ménuhin School et enfin avec l'Orchestre national de Saint-Pétersbourg. 1996. XVe centenaire du baptême de Clovis : 200000 fidèles autour de Jean-Paul II. Oubliées, les polémiques : Facérias, le podium pour la messe, les anti-papes. Le 22 septembre 1996, Jean-Paul II fait un tabac et 200000 fidèles pour le XVe centenaire du baptême de Clovis... Août-Septembre 1999. Eunice Barber, championne du monde d'heptathlon. 6861 points, un drapeau tricolore, une médaille d'or et deux coupes de champagne. En cette fin de soirée du dimanche 22 août, la rémoise d'adoption Eunice Barber, son entraîneur François Pépin et le président de l'Entente family stade de Reims athlét, Gilbert Marcy, peuvent être fiers... Exrait de 50 ans de vie rémoise 1950-2000 d'Alain Moyat. © Éditions Fradet, 2000. Tous droits réservés. |
![]() 7 mai 1950. Le président Auriol à Reims. Les Rémois lui font un accueil "chaleureux et déférent". ![]() 8 juillet 1962. La rencontre entre le général de Gaulle, président de la République, et le chancelier Konrad Adenauer, ici en compagnie de Mgr Marty, fut un événement historique. ![]() Eté 1999 : Championne du monde d'heptathlon, Eunice Barber de retour à Reims après son exploit : ses supporters lui font un triomphe. |